Action de préservation d’un sous-bois feuillu

Cette fois, ça y est ! Grâce à l’obstination de quelques uns, nous y sommes arrivés. Les 6 moutons ré-ensauvagés présents dans le bois à Arbre depuis de nombreuses années ont été capturés et emportés avec beaucoup de tact et de douceur.
Ils ont retrouvé un lieu exceptionnel où on veillera sur eux. Le sous-bois quant à lui va enfin pouvoir respirer. Vive le printemps !
Une action menée pour préserver le sous-bois …
A Arbre (village de Profondeville), les animaux étaient présents depuis de nombreuses années, toujours localisés dans une partie de ce bois de quelques hectares seulement. Au fil du temps, le sous-bois a été largement endommagé. J’apprécie cette zone boisée feuillue très diversifiée malgré sa petite taille. Une diversité qui s’explique par un sol majoritairement calcaire et notamment la présence d’éboulis en surface. Cependant, avec la présence continue des moutons, j’ai constaté que la flore forestière se banalisait et que des espèces emblématiques disparaissaient. Ne parvenant pas à identifier le propriétaire de ces animaux, j’ai fini par interpeller le DNF, gestionnaire du bois et la commune de Profondeville, propriétaire du bois. C’était en janvier 2023. Depuis lors et malgré de très nombreuses relances, la situation n’évoluait pas vraiment. Finalement, j’ai fini par identifier une personne qui acceptait d’accueillir les animaux chez elle, dans de parfaites conditions pour ces animaux domestiques. Il ne restait plus qu’à les attraper ! Le 18 avril 2024, le dernier des 6 moutons a quitté le bois, la flore et la faune sauvages peuvent enfin respirer. 
 
La communication vers les riverains qui a suivi a démontré une grosse incompréhension à la fois quant aux impacts à la forêt mais également concernant le bien-être de ces animaux domestiques auxquels ils étaient attachés. 
 
Ces dégâts à la forêt, bien visibles sur place, sont liés à la présence permanente du troupeau sur une surface limitée d’environ un hectare. Piétinement intensif, destruction de la strate arbustive et de la régénération, concentration des déjections et consommation intégrale de la flore non toxique pour eux figurent parmi les principales atteintes. S’en sont suivies, une régression importante de plantes rares et la disparition d’oiseaux nichant au sol. Ce fut aussi la perte d’une zone de quiétude importante pour l’ensemble de la faune sauvage. Fin avril 2024, en se promenant dans la zone précédemment occupée par les moutons, on constate visuellement deux choses. Seules des plantes toxiques pour les moutons (mercuriale vivace, euphorbe des bois et anémone Sylvie principalement) y survivent, tout le reste est consommé. Deuxièmement, on voit clair à travers le bois à plus de 100 mètres car le sous-bois est entièrement pelé. Avec le départ des animaux, les strates herbacées, arbustives et la régénération naturelle vont pouvoir se redéployer, générant à nouveau des zones propices à l’ensemble de la vie sauvage.
 
 
L’orchis mâle, une orchidée sauvage assez localisée, a fortement régressé dans le bois surpâturé, impacté notamment par le piétinement quotidien des animaux domestiques.
… mais également en faveur du bien-être animal
Si un certain tollé local s’est fait entendre après la capture des moutons, cet intérêt fut particulièrement soudain alors que les moutons étaient présents là-bas depuis des années avec des problèmes de santé manifestes ! A plusieurs reprises, j’ai alerté les riverains et les administrations sans réaction. Maintenant que les animaux sont pris en charge, on commence à mieux percevoir leur état de santé, il est catastrophique. Et c’est le vétérinaire qui le dit. Les deux moutons noirs, sont des Ouessant, ce sont de jeunes mâles non castrés ; les quatre autres sont des moutons Soay. Trois brebis, dont une bien vieille sont gestantes. Les deux Ouessant ont été lâchés dans le bois il y a peu de temps (environ 6 mois), les bagues d’identification ont été coupées, l’abandon est donc plus probable que la fugue. Cette race doit être tondue, leur maintien dans le bois ainsi que leur descendance était bien de la maltraitance ! Tous les animaux ont été vus par un vétérinaire : ils sont couverts de tiques, de puces avec de grandes plaques sans laine. De nombreuses morsures de chien sont aussi observées sur chaque animal !
A la lumière de tout ceci, la mignonne petite image des moutons bien heureux dans le petit bois en totale harmonie en prend un sacré coup. Toute cette prise en charge des animaux a été réalisée par cette personne sans aucune aide extérieure. Alors, moi je lui dis très sincèrement MERCI du fond du cœur, autant pour les animaux que pour le bois.
Malgré touts ces constats, certains continuent à penser que ces moutons étaient mieux au bois et que l’on aurait dû les laisser tranquille. Il y a là une énorme confusion entre la communauté naturelle et sauvage qui peuple une zone boisée diversifiée et la présence permanente d’animaux domestiques abandonnés. Ces animaux féraux n’ont absolument pas le comportement des animaux sauvages et créent une pression démesurée sur le milieu forestier. Alors qu’un bois comme celui-là a bel et bien besoin de toutes ces ressources pour faire face à l’impact des changements climatiques et les multiples dépérissements qu’ils engendrent, à l’abondance du sanglier, au développement des espèces exotiques envahissantes ou encore aux dépôts sauvages laissés à sa lisière par les riverains. 
On peut à présent espérer que le Bois du Fond des Rivaux, puisque c’est de lui qu’il s’agit, soit mieux respecté à l’avenir et qu’il retrouve la quiétude et la vie sauvage qu’il mérite. 
 

One Comment on “Action de préservation d’un sous-bois feuillu

  1. bien d’accord avec toi Michel et félicitations pour ta persévérance

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