un brin de philosophie de la nature au verger

Faut-il pleurer l’être disparu ? Ce vaillant pommier haute-tige qui faisait la joie des chevêches depuis plusieurs dizaines d’années tout en apportant, tel un métronome bienveillant, ses brassées de fleurs et de fruits a rendu au sol ses dernières feuilles. L’agriculteur croisé sur le pas de sa porte confirme son engagement et sa conscience de la beauté du lieu : « c’est quand même une sacrée besogne avec toutes les branches qui tombent ».

C’est d’ailleurs sous les pommiers encore tout nus au perron du printemps que les animaux de la ferme aiment à se dégourdir les pattes tout en dégustant les quelques brins d’herbes encore rares mais tellement frais. 

En réalité, s’attarder quelques instants sur cette souche permet de contempler le paysage exceptionnel aux alentours. Une souche qui nourrira encore de longues années, un abondant cortège d’insectes, de champignons et même d’oiseaux aussi discrets que diversifiés. Le paysan a toutes les raisons d’être fier du travail qu’il accomplit ici de longue date. Car le verger, loin d’être moribond, montre une belle vitalité. Plusieurs dizaines de fruitiers en bonne santé se dressent tout autour et garantissent une longue vie aux cavernicoles du secteur. 

Il faut donc se réjouir de tous ces arbres qui persistent et ne jamais hésiter à en féliciter le gardien, ce que je ne me suis pas privé de faire. D’attention en compliment, je fais le pari que cette fierté grandira en lui et qu’il aura peut-être à cœur, bientôt, de replanter de jeunes pommiers qui ne demandent qu’à venir entretenir ce tableau vivant et nourricier.

Vive le pommier mort ! Longue vie au verger !

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